La rue, au même titre que n’importe quel espace public, mérite bien d’être considérée comme un bien commun. Cette idée n’est pas sans incidence sur le rapport des espaces urbains à leur nature ainsi qu’à leurs usages. La Rue Commune a invité Emma Vilarem, Docteure en neurosciences cognitives et psychologue, Directrice et fondatrice de [S]CITY et Djamel Hamadou Architecte-Urbaniste, Directeur Aménagement et Urbanisme de l’EPT Grand Paris - Grand Est, pour discuter d’une rue qui réponde à la fois aux besoins humains et environnementaux.
La rue est-elle un simple lieu de passage ? Ou bien au contraire, peut-elle être un lieu en soi, où l’on prend le temps de s’arrêter, d’observer, de s’étonner. Devant la densité urbaine croissante, les intervenants appellent à requestionner les modes d’interaction avec la ville. A commencer par l’importance accordée aux espaces végétaux et à la biodiversité au sein des espaces urbains, qui pourraient bien être les meilleurs remparts contre la crise climatique.
D’après Emma Vilarem, les sciences cognitives ont beaucoup à nous apprendre sur les attentes et la façon de vivre des usagers en milieu urbain. Chaleur, qualité de l’air, lumière naturelle : en ville, les expériences sensorielles sont à la fois vives et partagées par l’ensemble des usagers et doivent à tout prix être repensées.
Plusieurs leviers s’offrent à nous pour améliorer notre expérience de la ville. Notamment, la décélération des flux s’impose comme le nouveau paradigme des rues de demain. En particulier, le trafic routier a un impact considérable sur la qualité de vie citadine. Non content d’être source de nuisance, il ralentit aussi le développement du cerveau des enfants, nous apprend la docteure en neurosciences.
De son côté, pour répondre aux enjeux de la crise climatique et de la biodiversité, Djamel Hamadou a développé le concept d’Urbanisme d'Anticipation et de Dissociation Environnementale. Ce concept a des incidences nombreuses dont il livre ici les clés de compréhension.
« La dissociation environnementale est un acte assez radical qui consister à dire que la nature se porte bien quand on ne la dérange pas trop. » Djamel Hamadou
Les projets de transformation urbaine au profit des nouveaux usages peuvent être source de crispation parmi les riverains. Il devient alors impératif de travailler sur l’acceptabilité de ces projets pour s’assurer qu’ils voient le jour. En intégrant les usagers dès la phase de conception, on garantit une meilleure appropriation et donc une meilleure préservation de ces espaces.
Une idée semble émerger du discours des intervenants : les synergies entre intérêts humains et intérêts de la nature doivent être explorées au travers d’une gestion par les communs.